
« La vérité sur 50 légendes urbaines extravagantes » : pour chacune des rumeurs développées dans leur ouvrage, Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard proposent de chercher l’élément de vérité sous-jacent, d’évoquer la manière dont elle s’est propagée et, le cas échéant, de voir comment on est parvenu à y mettre un terme. Et les auteurs le démontrent : les rumeurs sont toujours le miroir grossissant de nos erreurs et de nos espoirs; elles charrient toujours les mêmes thèmes à travers le temps et l’espace, ceux que l’on retrouve aussi dans les horoscopes, à savoir le sexe, la santé et l’argent.
Les auteurs constatent aussi que les tweets multiplient, amplifient et accélèrent les rumeurs. Non sans une certaine jubilation de la part de ceux qui les répandent. Ils appartiennent souvent à une génération qui se plaît à estomper les frontières entre le vrai et le faux. La dernière mode à cet égard : l’annonce de la mort supposée de toutes sortes de people, un genre appelé « pseudocides », un vrai must. « Si t’es pas mort sur twitter avant 50 ans » t’as raté ta vie ! Ainsi va la rumeur.
Cela posé, les auteurs se demandent s’il est possible de faire la différence entre les tweets porteurs de vrais infos et les tweets fallacieux. Il apparaît, selon eux, que 95% des tweets porteurs d’une bonne info viennent la confirmer par la suite. En revanche, seuls 50 % des personnes qui véhiculent de fausses nouvelles sur Twitter prennent ensuite la peine de les démentir. Les tweets exacts sont généralement plus longs, contiennent moins de signes de ponctuation et moins de mots expressifs. Et ils se réfèrent souvent à des sites web.
A l’instar d’autres ouvrages sur le même thème, « 100 % rumeurs » constate que « les démentis augmentent le nombre de personnes qui connaissent la rumeur et donc également le nombre de ceux qui croient à la rumeur ». Et les auteurs terminent en déplorant une tendance des journalistes à renoncer à leur esprit critique face à l’avalanche des tweets qui font le buzz sur la toile. Dans un tel contexte, l’apparition de la discipline du facts checking (vérification des faits découverts sur le web) apparaît comme un début d’antidote à la rumeur qui galope.
Éliane Ballif
Éditions Payot