
« De la performance politique », tel est le sous titre. Après le succès de son « Storytelling » (2007), l’auteur fait mine de parler de politique. Mais plus que jamais, il s’intéresse aux médias, parce que, selon lui, « l’espace politique et celui des médias ont fusionné, en donnant naissance à un champ magnétique qui vise à absorber les attentions.»
Dans ce nouveau contexte, « la mise en récit de l’action politique » n’est plus le seul fait du pouvoir, comme à l’époque où les gouvernants étaient les dépositaires exclusifs du récit national. Cette mise en récit de l’action politique est désormais le fait d’une multitude de médias, de récepteurs interactifs qui en jouent et se la réapproprient. A tel point que, pour l’auteur, « la Scène démocratique, fondée sur le principe de représentation, a fait place à la Scène médiatique, régie par les lois du simulacre ».
Capter l’attention devient alors l’objectif majeur des politiciens et, comme dit l’un d’entre eux, on n’est plus là pour changer le monde mais pour reprendre 5 points de sondage. Phénomène aggravant, selon Christian Salmon : « en dérégulant la finance et en déprogrammant l’Etat, la révolution libérale des années 80 a condamné l’homme politique placé sous vide, à se reprogrammer sans cesse », à mettre en œuvre un « volontarisme désarmé », sans force ni effets.
Et l’auteur de déplorer que les efforts héroïques de l’homo politicus pour restaurer la dignité du politique, s’effectuent au sein même de l’espace médiatique, c’est-à-dire du système en train de l’engloutir. Dès lors, la « cérémonie cannibale » concerne aussi bien la sphère des médias que celle de la politique : « vous voulez le pouvoir par l’image, alors vous périrez par le retour images, telle est la justice immanente des médias ». Et, selon l’auteur, dans cette spirale de la perte d’autorité et de crédibilité, le médiatique entraîne le politique et vice versa.
Éliane Ballif
Éditions Fayard Paris