Le peuple des connecteurs par Cruzet Thierry

Plus fort que les “pronétaires” de Joël de Rosnay, les “connecteurs” de Thierry Cruzet ne votent pas, ne revendiquent pas, n’apprennent pas, ne travaillent pas mais ils transforment le monde. Comment? En passant l’essentiel de leur temps, dans cette immense ruche qu’est le Web, à se connecter les uns aux autres. Et là où Cruzet fait fort, c’est dans sa vision organique de notre futur électronique.

Pour lui, la nature montre tous les jours que rien de complexe ne s’organise “d’en haut”. Les milliers d’oiseaux qui traversent en bandes nos continents n’ont ni patron, ni petit livre rouge. Pas plus que les termites ou les bans de coraux. Alors? Alors l’autonomie de chacun, au sein du groupe, permet d’obtenir des résultats qui tiennent de la magie. Et l’homme va devoir bientôt avouer que ces propres systèmes n’ont pas d’autres issues que cette myriade d’indépendances connectées.

A preuve les système d’ordinateurs chargés de gérer les feux de circulation de nos grandes villes: un échec le plus souvent alors que des expériences, offrant à chaque feu autonomie et intelligence modeste, ont rapporté des bénéfices édifiants sur le trafic. A preuve encore, l’incapacité des gouvernements à trouver de réelles méthodes pour réduire le chômage ou la délinquance. Mais quel élu daignera écouter Thierry Cruzet, pourfendeur tout à la fois de l’éducation, du pouvoir, des médias et de la politique?

Xavier de Stoppani