Les médias ont-ils trop de pouvoir? par Cornu Daniel

La presse, reflet de la société ou force qui la transforme – et la déforme? Le dernier ouvrage de Daniel Cornu, ancien Rédacteur en chef de la Tribune de Genève, ancien directeur du CRFJ, médiateur des quotidiens d’Edipresse, montre à quel point, réel ou supposé, bénéfique ou diabolique, le pouvoir des médias reste une énigme.

L’auteur ne prétend d’ailleurs pas donner une réponse péremptoire, l’habileté accrocheuse du titre interrogatif est aussi preuve d’honnêteté intellectuelle.

Cornu commence par décortiquer les réponses proposées dès les débuts de la presse par de nombreux penseurs et chercheurs qui l’ont tour à tour accusée de tous les maux et créditée de beaucoup de bienfaits. Tous ont buté sur l’impossibilité d’isoler ces processus des innombrables interactions sociales et intellectuelles qui façonnent les opinions individuelles et collectives.

L’écheveau des causes et des effets demeure donc inextricablement emmêlé mais, de l’œuf à la poule et retour, Daniel Cornu expose, clairement et succinctement, les diverses théories développées sur le thème «médias et société». Il donne d’éclairantes citations, de Tocqueville à Bourdieu, analyse les études, les recherches de terrain, et tord le cou au mythe du complot médiatique organisé et systématique.

Daniel Cornu s’engage finalement par un «dernier mot provisoire». Face aux médias, «ce n’est ni vous ni moi qui sommes vulnérables. Ce sont «eux», c’est-à-dire les autres, tous les autres. (…) Une enquête sur Les Guignols de l’info (Canal Plus) montrait que plus de la moitié des personnes interrogées considérait que l’émission satirique aurait une incidence sur la prochaine élection présidentielle. Mais à peine plus d’une sur dix admettait que son propre vote pourrait s’en trouver influencé».

Plus pragmatique qu’académique, Daniel Cornu conclut que «le pouvoir des médias tiendrait finalement à l’impression ou à la conviction qu’on en a».

J.Pg

Collection Médiathèque, Seuil/Sciences Po, Paris