
Jean-François Fogel, journaliste, et Bruno Patino, directeur de la Publication de Télérama et Président du Monde Interactif, ne mâchent pas leurs mots. « Internet n’est pas un support de plus; c’est la fin du journalisme tel qu’il a été vécu jusqu’ici », affirment-ils dans leur essai.
D’autres l’avaient peut-être déjà dit, mais on sera surpris de voir deux journalistes classiques écrire en toutes lettres que leur mission est désormais celle de simples “agrégateurs” de contenus. Des hommes censés récolter, trier, assembler et mettre en scène des contenus glanés sur la grande toile. Leur vision du futur de la presse, reposant sur de puissants algorithmes définis par de trop rares humains, fait visiblement le deuil du reportage, de l’enquête et même de la ligne éditoriale.
Car si l’on parle d’agrégation, difficile de ne pas craindre que la matière nécessaire provienne à l’avenir de deux ou trois “majors” de l’information comme Reuters, CNN ou l’AFP ou encore – mais est-ce pire? – d’un patchwork de blogs et de commentaires d’internautes, interventions par nature difficiles à “sourcer”.
Xavier de Stoppani