Le Prix Dumur 2017 a été attribué ce mardi à Camille Krafft, journaliste au Matin Dimanche. Le Jury l’a récompensé pour la qualité remarquable de ses enquêtes et son talent d’écriture.
Lausanne, 3 octobre 2017 – Le prix Jean Dumur, qui récompense chaque année un ou une journaliste pour la qualité de son travail, son talent ou encore son courage vient d’être attribué à Camille Krafft, journaliste au Matin Dimanche. Le prix a été remis à Lausanne, à l’occasion d’une cérémonie organisée à la Maison de la Communication, qui abrite notamment le CFJM (Centre de Formation au Journalisme et aux Médias).
Camille Krafft a été primée pour la qualité de ses enquêtes ainsi que son talent d’écriture. Elle a notamment révélé sa ténacité et son courage par son investissement personnel dans l’accueil d’une famille de réfugiés irakiens et le récit au long cours qu’elle en a tiré pour Le Matin Dimanche. Elle vient aussi de publier un autre format long restituant son enquête sur la faillite de la start-up vaudoise Swiss Space System. Un travail de longue haleine dont la valeur n’a pas échappé au jury.
Camille Krafft, 41 ans, est née et vit dans le canton de Vaud. Elle a fait son stage au sein de la rubrique lausannoise de 24 Heures, après avoir étudié l’histoire, l’espagnol et le russe à l’Université. Elle a rejoint la rédaction du Matin Dimanche en 2006.
Dans sa laudatio, Ludovic Rocchi a salué une collègue qui marque les esprits par sa modestie, sa curiosité et sa ténacité. Il a aussi relevé que si sa rédaction lui a confié des récits et des enquêtes aux longs cours, c’est parce qu’elle possède cette double qualité : savoir s’immerger en profondeur sans se noyer et soigner ensuite l’écriture. « Toute en douceur et en sourire, Camille Krafft est une fausse gentille, une vraie
« pétroleuse » qui ne s’en laisse pas compter. Ses employeurs en savent quelque chose, elle a la fibre syndicaliste, elle sait montrer les griffes quand il s’agit de défendre ses conditions de travail et celles des autres ». Et de souhaiter que ce Prix Dumur 2017 renforce à travers Camille Krafft le temps long et profond du journalisme. « En cette période dure et troublée pour notre métier, nous avons besoin plus que jamais de pétroleuses du calibre de Camille Krafft », a conclu Ludovic Rocchi.
La Lauréate, très touchée face à la cinquantaine de personnes présentes, a déclaré des trémolos dans la voix : « C’est le plus beau prix de la profession. On ne peut pas rêver mieux quand on travaille comme journaliste en Suisse romande, je suis très fier de le recevoir. » Camille Krafft a profité de l’occasion pour remercier sa rédaction, ainsi que ses collègues : « Un bon article prend forme au sein d’une équipe. J’ai la chance d’avoir une rédaction qui me fait confiance, qui m’accorde le temps qu’il faut pour enquêter », a-t-elle ajouté. « Quand on démarre un sujet, on voit toujours que les choses ne sont ni noires ni blanches, mais qu’elles sont complexes et qu’il y a une infinité de nuances de gris. L’écrit est, à mon sens, le meilleur médium pour rendre ces nuances, pour autant qu’on prenne le temps de les explorer. » A cet égard, Camille Krafft a fait de son inquiétude face à une situation « qui exige de toujours faire plus avec moins ». Son intervention a été saluée par un tonnerre d’applaudissements et une standing ovation.
La remise du prix a été suivie d’une table ronde menée par Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24 Heures. Consacrée au « Journalisme, quel temps pour quelle qualité ? », elle a vu d’exprimer Christophe Boltanski, grand reporter, directeur de la rédaction de la Revue XXI à paris, Elisabeth Logean, productrice de l’émission Mise au Point à la RTS, Olivier Zihlmann, responsable de la cellule enquête Sonntags Zeitung – Le Matin Dimanche à Zürich, Pascale Burnier, journaliste d’enquête et chroniqueuse judiciaire à 24 Heures, ainsi que la lauréate du jour, Camille Kraft. A la question de savoir si la longueur et la lenteur sont un gage de qualité, les divers intervenants ont fait le constat que ce n’est pas forcément le cas. « Le temps n’est pas toujours un ami », a relevé Elisabeth Logean en évoquant de très bons reportages qui ont été tournés et montés en un court laps de temps. Les représentants de presse écrite ont souligné l’importance de rencontrer les interlocuteurs et de disposer de la confiance des rédactions pour entreprendre de longues enquêtes. En conclusion, tous ont souligné l’importance du récit et de la narration.
La cérémonie a été suivie d’un cocktail, au cours duquel les invités, le public composé de nombreux journalistes et la lauréate ont poursuivi le débat de manière informelle, dans une atmosphère conviviale.
Le jury du Prix Dumur était composé cette année de Jean-Philippe Ceppi, Rémy Chételat, Alain Jeannet, Marc-Henri Jobin, Anna Lietti, Thierry Meyer, Marie Parvex, Jean-Jacques Roth, Pierre Ruetschi, Arnaud Robert, Ludovic Rocchi, Dominique Von Burg et Sonia Zoran.
En souvenir et en hommage à Jean Dumur, figure du journalisme romand disparu brutalement en 1986 à l’âge de 56 ans, le Prix Dumur récompense chaque année, depuis 1987, un (e) journaliste de Suisse romande pour son talent, la qualité de ses enquêtes, son sens de l’éthique, ou son courage. Doté de 5000 francs, le Prix Dumur est décerné par une association réunissant des journalistes et rédacteurs en chef de Suisse romande.
L’Association des Amis de Jean Dumur est composée de : Sylvie Arsever, Jean-Philippe Ceppi, Rémy Chételat, Alain Jeannet, Marc-Henri Jobin, Anna Lietti, Thierry Meyer, Marie Parvex, François Pilet, Jean- Jacques Roth, Louis Ruffieux, Pierre Ruetschi, Arnaud Robert, Ludovic Rocchi, Dominique Von Burg et Sonia Zoran.